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Dossier n°1263
Le gardien du Casino

Enquête réalisée par l’agent James Edison

Dossier n°1263 : Le gardien du Casino

Un passé mystérieux

On sait peu de choses sur Gabriel Dante. Quelques fragments de dossiers militaires effacés parlent d’un homme entraîné très jeune, maîtrisant six langues, mais n’en utilisant jamais plus de deux. Il aurait survécu à plusieurs conflits sans une égratignure, mais il n’en parle pas. Ce qu’on sait, c’est qu’il a quitté l’Europe dans les années 90, seul, sans attaches, pour rejoindre Los Angeles, comme poussé par une mission qu’il ne partageait avec personne.

Il est apparu un matin de janvier, au tournant du millénaire. Personne ne l’attendait, personne ne l’a interrogé. Costume noir impeccable, chaussures brillantes, regard clinique. On lui a montré la porte du Casino Magnifico — il s’y est posté. Il n’a plus jamais bougé. Aucun contrat, aucun mot. Il s’est installé comme une évidence. Il n’a pas été engagé. Il s’est imposé.

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Une figure du Casino Magnifico

Très vite, les habitués ont compris : ce n’était pas un videur, mais un filtre. Il lisait les gestes, les hésitations, les silences. Il sentait le mensonge avant même qu’il soit formulé. Il laissait parfois passer les ombres, mais toujours en sachant ce qu’elles allaient coûter. Dante, s’il s’appelait vraiment ainsi, n’a ni passé officiel, ni présence hors du Magnifico. Certains disent qu’il dort sur place, d’autres qu’il disparaît à pied, toujours à la même heure, vers des rues sans nom. Ce sont des légendes. Ce qu’on sait, c’est qu’il est là, tous les soirs, inamovible. La seule chose qui ne change jamais.

On l’appelait Cerbère

Son surnom, Cerbère, n’est pas une image. Il ne garde pas une porte, il garde la vérité. Il surveille les gens. Il ne parle presque jamais. Il observe, il enregistre. Une fois, un client a tenté d’entrer par la cuisine. Le lendemain, son nom avait disparu de tous les registres du quartier. Dante n’avait pas bougé.

On murmure qu’il retient tout : les noms, les visages, les voix, les gestes. Le verre commandé un soir d’orage, le parfum d’un mensonge ancien, le détail qu’on pensait avoir effacé. Il ne dit rien, mais il sait. C’est sa fonction : être la mémoire silencieuse de ce qu’on tait.



Liés à jamais

Aujourd’hui encore, il est là. Même poste. Même calme. Le Casino a changé trois fois de direction, les murs ont été repeints, les lumières remplacées. Lui est resté. Peut-être qu’il ne travaille même plus, pas vraiment. Il veille. Et tant qu’il est là, le Magnifico reste plus qu’un casino : un seuil. Et lui, sa frontière.